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Atelier écriture en confinement

24 Mai 2020

 Image en couleur atelier d'écriture

 

 

 

 

 

 

Atelier d’écriture conjoint AVH Marseille

et AVH Aix en Provence

Par e-mail en raison du coronavirus - Remplaçant les ateliers d’écriture du 28 mai et du 10 juin 2020 - Animation Evelyne Willey AVH Marseille

 Comme nous devions, au cours de ces ateliers, découvrir des objets : un képi militaire pour l’AVH Marseille et des objets rattachés à la coiffure pour l’AVH d’Aix en Provence, je vous propose de garder le thème de l’objet qui couvre et décore notre tête.
Nous allons donc travailler non pas du chapeau, mais sur le chapeau.
 Le chapeau fait-il le personnage ? Je le crois.
Quel type de chapeau portons-nous ?

Les militaires : des képis, des calots, des bérets, des shakos, des casquettes,
Pour 
les femmes militaires :  de ravissants postillons et tricornes … et j’en oublie
Pour 
les dilettantes : le chapeau de paille d’Italie ou d’ailleurs, le canotier
Pour 
les élégantes : la capeline et autres bibis
Pour les petits enfants : le bonnet sous toutes ses formes !
Pour 
les séducteurs : le Borsalino, le Panama
Pour 
les hommes d’affaires : le chapeau melon
Pour 
les magiciens : le Haut-de-forme
Pour 
les exotiques : le chapeau de cowboy, le sombrero
Pour 
les touristes : le bob
Et tant d’autres …
 Mais qu’allons-nous faire avec tous ces chapeaux ?
Écrire une histoire ou un souvenir de chapeau et du personnage qui le porte.
 
On pourrait faire raconter une histoire par un chapeau :
Que nous raconteraient :
La charlotte de Marie-Antoinette ? Le bicorne noir en castor de Napoléon ? Le chapeau de paille de Claude Monet ou celui en feutre de Van Gogh ? Le chapeau melon de Charlie Chaplin ? Le bonnet rouge du Commandant Cousteau ? Le sombrero Cordobès de Zorro ? Le fez rouge à pompon de « L’ami Ya Bon Banania » … et tant d’autres …
 
On pourrait raconter les retrouvailles avec un chapeau : un chapeau de « Catherinette », un minuscule bonnet de laine bleu ou rose, tricoté à la main, un chapeau de fée ou de magicien en carton, une capeline de cérémonie, la vieille casquette d’un ami, un béret de Louveteau …etc. 
À vos plumes ! au chapeau  

                                                                           

     Ecritures transmises


La Gavroche

La visière relevée, en guise de défi

Je suis le point de mire des fusiliers

Si peu adroits, que je demeure en vie

Sous le regard admiratif des émeutiers.

 

Les soldats en riant ciblent le gamin

Je me demande encore combien de fois

Réglant le sort à Voltaire dans un refrain narquois

Le « Moineau » échappera à son tragique destin ?


Mon sort avait été scellé par un funeste hasard

J’avais changé de tête

J’habillais, au temps d’avant, l’amant gaillard

Me voici, à présent, sur sa frêle silhouette.


Je complétais un singulier accoutrement

Du pantalon de son père, bien trop long

Dépassant largement les talons

À la tête que j’enveloppais presqu’entièrement.


D’un tel équipage,

Je ne ressentais rien de bon

Mais l’histoire de ce garçon

Montra qu’il ne manquait ni d’audace ni de courage.


Une sixième décharge le faucha

Ce n’était pas suffisant pour succomber

Sa voix à nouveau me fit trembler

Hélas, la septième le foudroya.

Moi, casquette symbole du peuple trimant

Accompagnant la révolte héroïque d’un enfant

Si je suis tombée par terre j’en suis très fière !

À Rousseau le sang des ruisseaux à Voltaire toutes les misères.


Patrick


Le chapeau d’Alphonsine

En entrant dans la pièce,

Mon regard s’est posé sur lui

C’était comme un signe

Un chapeau cloche !

Celui de grand-mère Alphonsine.


A présent, il coiffe un mannequin.

Vers lui, sans cesse, je suis attirée

Cette coiffe a donc une âme

Celle d’une jeune femme

En quête d’une absolue liberté


Je pris délicatement la feutrine

Elle était si poussiéreuse

Quelle était sa couleur ?

Certainement un blanc immaculé.

Comme son souci de perfection inné.


Quelle simplicité de cette coiffe

Un petit nœud de tissu orne un des côtés.

Il te couvrait la tête jusqu’aux sourcils.

Mettait en valeur ton visage et ton cou gracile

Soulignant ton regard aux reflets bleutés.


Une force mystérieuse me coiffa de l’accessoire

Et me conduisit jusqu’au miroir.

Je m’imaginais de tissu fluide vêtue,

Dansant sans aucune retenue,

Mes jambes libérées, un entraînant charleston.


O grand-mère Alphonsine,

Ton chapeau me rend libertine.

Adieu feutres aux grands revers

Qui dissimulaient les visages sévères

Vive la Cloche qui sublime


Patrick

 

Sa vie en chapeaux

Un tricorne vaporeux s’était posé sur le crâne chauve de la colline. Elle se mit à sourire. Regarder passer les nuages, quelle activité pleine de sérénité ! Elle se souvint de chapeaux. Finalement, elle aurait pu résumer sa vie à quelques couvre-chefs.


Son chapeau de « Catherinette » un superbe et élégant Kronstadt vert et jaune pour amazone en perdition.

La seule évocation de ce chapeau lui provoquait toujours un léger pincement à l’estomac. Les petites sournoises de l’atelier de couture le lui avaient offert en grandes pompes. « On y a mis tout notre cœur, Melle Catherine » Parce qu’en plus, elle se prénommait ainsi. Elle avait dû l’essayer s’obligeant à grimacer un sourire.

Elle connaissait ses défauts : trop grande, sèche, intelligente, timide et à peine jolie, ses qualités : franche, opiniâtre, travailleuse, à vingt-cinq ans elle n’avait aucune confiance dans les hommes qui le lui rendaient bien.

Puis il y eut un béret blanc qu’elle avait porté un peu de côté, façon décontractée, au mariage de sa sœur. Tout le monde l’avait regardée de travers. « Mais enfin, pour une pareille occasion, elle aurait pu faire un effort ! ». Il parait même que sa sœur avait pleuré de honte.

Ce jour-là, un seul être n’avait pas collaboré au mépris général. C’était un militaire pensif, au doux regard, qui avec un étonnant sérieux lui avait dit : « Le béret vous va bien ». Lui portait une seyante casquette galonnée, ornée d’un macaron frontal qui, avec son ancre de marine entre deux branches de laurier, révélait qu’il appartenait à la Marine Nationale.

Leur timidité respective flamba dans une étonnante et tenace passion.

Comme il était orphelin et qu’elle avait rompu avec sa famille, ils se marièrent sans chichi à la mairie, elle tête nue, lui avec sa casquette officielle.

Avec émotion, elle revit le petit bonnet de laine bleue qu’elle avait tricoté maladroitement.

Son fils, lui aussi avait choisi la Marine. Que c’était émouvant de voir leurs deux casquettes posées sur le meuble de l’entrée.

À présent, c’était une veuve solitaire qui ne portait pas même un chapeau de paille pour se protéger du soleil.

Chapeau melon, capeline, haut-de-forme, poussés par la brise estivale, s’exposaient quelques instants dans la large vitrine du ciel puis s’effilochaient à regret.

Sentant que la nostalgie prenait le pas sur sa sérénité, elle quitta son poste d’observation.

Evelyne

 

Réflexions sur les mystères du chapeau

Je me suis souvent demandé ce qu'il y avait sous le chapeau de madame DE FONTENAY ?

Pourquoi ne l'enlève-t-elle jamais ?

Quelque chose à cacher ?


De même pour Marc VERRAT ! Dans sa cuisine, sur les plateaux de télévision, il ne quitte jamais ce large couvre-chef noir comme l'ébène.

Qu'y a -t-il en dessous ?


Comment le magicien peut-il tirer de ce haut-de-forme de taille raisonnable une quantité illimitée de colombes, foulards, lapins et autres objets aussi incroyables qu'inattendus ?


Mon grand-père maternel était le « vrai Papet », bien avant celui du film de Pagnol : même chapeau vissé à longueur de journée sur le crâne qui lui conférait une autorité que nul n'osait défier, même moustache fière et en ordre de marche, mêmes gilet, pantalon de velours, même silhouette que l'immense Yves MONTAND !

Bref, il m'impressionnait et même quand il me parlait doucement j'avais l'impression qu'il me grondait. Sauf, lorsqu'il enlevait son chapeau pour passer à table.


Malgré son âge avancé, aucun fil blanc n'osait s'immiscer dans la masse noire de ses cheveux et c'est alors que je pouvais découvrir son regard bienveillant qui me souriait …

Martine

 

Sous les chapeaux

 

Si les chapeaux pouvaient parler

Qu'est ce qu'ils se diraient ?

Seraient-ils fiers d'avoir couvert

De paille, de feutre, de fers

Toutes ces têtes, célèbres ou pas

Belles dames, vaillants soldats ?


Lesquels ont fait rêver ?

Le noir du vengeur masqué

L’emplumé de Sa Majesté

Les capelines enrubannées

Le large bord de l'aventurier

Le canotier de Chevalier ?


Quels chapeaux sont allés sur l'eau ?

Casquettes de marins, bérets des mousses,

Bonnet rouge de Cousteau

Ou d'autres embarqués en douce ?


Lesquels nous ont fait rire ?

Lesquels pour nous séduire ?

Et ceux qui font peur aux enfants …

Passent les modes, déroule le temps

Ils sont l'histoire toujours présents

Témoins des grands événements …

Martine

 

Rêverie

C’est une drôle d’idée d’écrire sur l’

Herbe !

Allongée, les yeux fixant les nuages, sa

Peau est protégée par des brindilles

Enlacées, tricotées.

Au sommet de sa chevelure, ornées d’

Une jolie décoration, c’est l’été…les

CHAPEAUX de paille sont de sortis !

Tiphanie

 

Chat-peau

Chapeau, chaleur, chagrin

Eau qui ruisselle

Chat lové sur ta peau

Soleil heureux

Odeur de l’été

Chat griffant quelques parcelles

Eau qui s’évapore

Chat reniflant ta peau

Nuage peureux

Odeur de la rosée

Chat parti sans remord

Chapeau, chaleur, chagrin

Chats errants sur nos peaux

Quelle que soit la saison

L’odeur est celle des émotions

Tiphanie


BORSALINO & CO

Borsalino : « Il voulait ressembler à Indiana Jones. »

Mr N : « Ce chapeau me mettait dans la peau et l'esprit d'un aventurier. »

Borsalino : « Sur sa tête j'étais prêt aux défis les plus fous. »

Mr N : « Avec lui j'étais plus que déguisé, je m'y croyais vraiment ! »

Borsalino : « Soleil, tempêtes, douches dans les cascades ont rétrécie mon feutre aux mesures de sa tête folle. »

Mr N : « Knickers, brodequins de cuir, grosses chaussettes rouges, Makila accompagnaient mon sacré chapeau, j'étais alors prêt pour relever de beaux défis. »

Borsalino : « Une plume de vautour, ou de faisan, un edelweiss qu'il trouvait en chemin, finissaient parfois ma parure. »

Mr N : « C'était un Borsalino qui me donnait un certain charme sauvage. »

Borsalino : « J'étais un objet tout droit venu des années 30 et il adorait jouer ce côté rétro. »

Mr N : « Mes compagnes de route m'appelaient "Indy", pour elles j’étais un "vrai professeur ès lettres & cartes", capable de les guider allègrement à travers les beautés montagnardes et sauvages. »

Borsalino : « Avant lui j’ornais la tête de son arrière-grand-père à l'époque duquel j'étais vraiment à la mode ! »

Mr N : « J'ai même une photo sur laquelle je suis déguisé en Al Capone où ce fameux chef couronnait ma tête, en charmante compagnie de danseuses des années folles, armé jusqu'aux dents, au fin fond de l'Amérique, un vrai rêve de mauvais garçon… »

Antoine N

 

Chapeau !


Pour une réussite, c’est une réussite. 

La vieille dame regarde le casoar dévasté sur la tête de son petit-fils.

À 12 ans, il était capable de bien des initiatives, pas toutes du meilleur effet malheureusement.


Sous le regard noir, Louis ose une réplique « J’aime pas les plumes blanches et rouges ».

 

Le couvre-chef était piqué de quatre plumes de paon qui donnaient à la chose un aspect étrange.

Les épaulettes de la veste avaient été remplacées par une sorte de mousse expansée à l’aspect de petits dragons.

Sa grand-mère n’omit pas de féliciter le garçon pour sa créativité. « Où sont les plumes et les épaulettes ? »

« Dans le tas de fumier. Elles étaient trop moches. »


La veste flottait sur la carcasse maigre de l’enfant et lui faisait comme une robe arrêtée aux genoux. 


« Écoute Arthur : La semaine dernière, le melon de ton grand père a été transformé en embarcation pour les chats. Tout le voisinage les a entendus miauler à fendre l’âme et vu l’état du chapeau, j’ai dû le donner à un vagabond de passage. Il y a un mois c’est le « huit reflet » que tu as transformé en nid pour les oiseaux. »

« Mais » protesta Arthur « Le nid était cassé à cause des chats. J’ai dû trouver une autre maison pour les oiseaux. Il y en a deux qui sont morts. Pour les chats c’est bien fait ! »


La vieille dame reprit : « Ce sont les chapeaux de ton grand père. Il est bien fâché tu sais. »

« Grand père est méchant. Il veut que je sois militaire. Les militaires, ils tuent les gens. Moi je ne veux pas tuer les gens, je veux faire des mathématiques, et des sciences et sauver les gens. »


Très digne, Louis partit, drapé dans la veste de St Cyrien.


Antoine

                                                    

Travail du chapeau


Monsieur Martin tenait une boutique consacrée à sa passion, les chapeaux.

Gérard venait y rôder tous les soirs à la sortie de l’atelier.

La boutique était extraordinaire.

Les chapeaux n’étaient pas neufs, mais chacun avait son histoire. Pierre Martin recueillait les chapeaux et leurs histoires qu’il racontait et Gérard écoutait.


Cette barrette de prélat : Elle avait été retrouvée sous un lit dans une maison, dont les pensionnaires offraient, dans le temps, quelque réconfort aux hommes en difficulté.

Son rouge était un peu terni, mais l’histoire était piquante. On pouvait supposer que la coiffe avait été retrouvée couverte de poussière et de diverses tâches, peut-être un peu rongée par les rats.

Sans doute l’homme de Dieu avait il porté l’extrême onction à une pauvre femme …


Ce chapeau tyrolien : Il était arrivé dans la boutique suite à un cheminement compliqué. Il n’était pas neuf bien sûr, mais élégant. Il se racontait que le führer lui-même l’aurait arboré durant les promenades qu’il faisait autour de son nid d’aigle à Berchtesgaden. Il lui aurait été offert par sa maîtresse Eva Braun.


Le panama était sans conteste celui porté par Gustav von Aschenbach. Il l’aurait donné à sa fille qui l’aurait oublié dans un restaurant lors d’un rendez-vous galant. Et c’est précisément le fils du restaurateur qui l’avait échangé avec un ami pour l’adresse d’une jeune fille. Et au bout du compte, il était là.

Pierre avait reconstitué la tête de l’acteur vieillissant de mort à Venise. Encore une occasion de parler d’histoires de chapeaux.


 

Ici un deerstalker : Le véritable couvre-chef de Sherlock Holmes, enfin celui porté par Basil Rathbone dans les années 40. On ne pouvait pas l’exclure.

La bande intérieure portait les traces de la sueur de l’acteur. À travers ce couvre-chef, le personnage de sir Arthur Conan Doyle prenait de l’étoffe. Les histoires allaient bon train.


Parfois nos deux compères, à travers la vitrine, regardaient passer une femme pressée, coiffée d’un chapeau cloche, un petit réticule en main. 

« Vois comme elle regarde de tous côtés. Elle vérifie qu’elle n’est pas suivie. », disait l’un.

« Regarde sa robe vaporeuse, au-dessus du genou, qu’elle a fort jolis. Elle va retrouver son amant » répondait l’autre.


Plus tard, entre chien et loup, un homme racé, coiffé d’un feutre, avançait tranquillement en fumant un petit cigare. Quelques instants plus tard, sanglé dans un trench coat, chapeau mou sur le crâne, un journal dépassant de la poche, un autre passait. « Il est en filature » disait Pierre « l’autre n’a qu’à bien se tenir. »

Pierre fermait la boutique à 19 h 00.

L’histoire s’arrêtait là, mais reprenait le lendemain soir.


Antoine